Adrien & Guillaume Pire

Château Fosse-Sèche

Le Château de Fosse-Sèche a été créé par les moines bénédictins entre l’an 800 et l’an 1000 où ils vinifiaient déjà. Un des plus beaux témoignages est la cuve à vin maçonnée de pierre et enduite de chaux répertoriée comme l’une des plus anciennes cuves médiévales encore existante en Anjou. D’ailleurs le domaine prend son nom du latin « Fossa Sicca » se traduisant par Fosse Sèche qui entourait le château médiéval. On trouve d’autres vestiges historiques au sein du domaine tels que la chapelle gothique, le pigeonnier ainsi que l’un des murs de construction.

Depuis 1998, Adrien & Guillaume Pire se sont engagés dans une réflexion pour trouver un équilibre entre la surface viticole et le reste du domaine dédié à la biodiversité. C’est pour cela qu’à Fosse-Sèche, domaine constitué d’une seule parcelle de 45 hectares, 15 hectares seulement sont consacrés à la vigne. Les 30 hectares restants sont destinés à l’amélioration et à la préservation de l’écosystème (haies, prairies, zones marécageuses, plantations d’arbres, jachères fleuries). De plus, le domaine est classé Refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). Environ 3000 arbres ont été plantés pour canaliser les vents et apporter de la fraicheur lors des périodes de forte chaleur.

Fosse-Sèche a la particularité de se situer sur un sol de silex et d’oxyde de fer piégé dans une grave de silex en dégradation. Ce terroir unique du Jurassique se distingue dans la région de l’Anjou où l’on trouve plutôt des calcaires de l’ère du Turonien supérieur. L’avantage de ce type de sol est d’être très drainant, d’emmagasiner la chaleur et de la restituer sur les grappes de raisin. Pour éviter tout stress hydrique, Adrien & Guillaume travaillent les sols laissant un enherbage naturel entre les rangs. Ils ne sont pas favorables au butage et au débuttage. Ils privilégient un cerclage manuel au pied du cep. Cette rigueur à la vigne apportera à la vendange de meilleures maturités. Pour la taille, ils pratiquent le guyot simple, avec en ébourgeonnage afin de contrôler les rendements.

Sur les 15 hectares de vigne sont répartis 8 hectares de Cabernet-Franc, 1 hectare de Cabernet-Sauvignon et 6 hectares de Chenin blanc. Au chai, toutes les vinifications, en cuves inox, se font sans intrants œnologiques. Les vins sont élevés en cuve ovoïde béton de 16 hl ou en cuve acier. En effet, ne se retrouvant plus dans l’élevage en barriques de chêne, les frères Pire ont changé leur style d’élevage. Ils préfèrent l’élevage en cuve ovoïde béton, matériau favorisant la micro-oxygénation naturelle à l’instar du bois mais n’apportant pas de note boisée. Seule une faible dose de souffre est apportée à la mise en bouteille.

Pour les vins rouges, la vendange est éraflée. Les macérations sont très courtes afin de ne pas trop extraire de tanins.
pour le Chenin, après un pressurage direct, le jus est débourbé puis encuvé dans les cuves ovoïdes en béton. Les élevages se font sur lies. Les mises en bouteille se font dans l’année après un élevage en masse, en cuve inox, de 2 à 3 semaines.

Après une visite des vignes et du chai, Adrien nous a fait déguster plusieurs cuvées sur le millésime 2019. Pour commencer, nous avons découvert Arcane 2019, un Chenin issu d’un rendement très faible suite à une année de gel (7hl/ha). Comme toujours, ce blanc révèle un vin aromatique et intense aux notes de coing, de poire, de citronnelle. La bouche au style droit et élancé affirme une certaine énergie et une chair aux saveurs de fruits blancs.

Pour les rouges, Eolithe 2018  (Cabernet-Franc et Cabernet-Sauvignon) est un vin racé aux notes sanguines et de cassis frais, de myrtille et de mûre. On apprécie la tenue en bouche où cette allonge longiligne et droite nous offre beaucoup de fluidité et de finesse.

Les autres cuvées « Gondwana » et « La Réserve du Pigeonnier » sont des Cabernets plus généreux, plus denses avec cette volonté de produire des vins frais et digestes.

Je vous souhaite de belles découvertes gustatives !

Damien Lherbette